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9 avril 2013 2 09 /04 /avril /2013 10:08

 

             Les arbres têtards disparaissent lentement de nos paysages, victimes du changement de nos modes de chauffage et d'affourage, mais quelquefois aussi par indifférence. Pourtant ces arbres aux formes tourmentées que l'on appelle Touses dans le Boulonnais, ont su se rendre indispensables jusqu'à une époque récente. Intégrant des particularismes régionaux, elles mériteraient d'être considérées comme un patrimoine local.

 

    tetard-chene-01

 

 

            Une taille régulière a donné cette silhouette caractéristique aux arbres têtards toujours présents dans les haies et les pâtures. Les formes tourmentées que prennent les arbres d'émonde sont le résultat d'une lente transformation liée au développement de nombreux bourrelets de cicatrisation consécutifs à leur étêtage périodique. Le recépage régulier d'un arbre à la même hauteur pendant des décennies, parfois des siècles, finit par lui donner  cette "grosse tête" qui lui a donné son nom.

 

            Cette opération a pour but de prélever régulièrement du bois pour le chauffage, et jadis la cuisson des repas, les usages domestiques (vannerie, piquets, manches d'outils …) ou encore d'exploiter le feuillage (orme, frêne) comme fourrage d'appoint et les fruits (chêne, châtaignier, hêtre) pour l'engraissement des porcs. L'arbre têtard fournissait donc le bois nécessaire à la vie de tous les jours là où la forêt n'existait plus ou quand son accès était réservé aux seuls propriétaires. Cela concernait la majorité des petits paysans. On exploitait parfois les arbres de cette façon pour des utilisations industrielles liées à la poterie, la métallurgie ou la verrerie. La maladie de l'orme (graphiose) a fortement réduit le nombre de touses dans le Boulonnais mais  les têtards de frênes, chênes, érables et saules sont toujours exploités pour le bois de chauffe. 

 

            De très vieux arbres, exploités depuis 10 ou 15 générations d'agriculteurs sont toujours vivants. Les cavités qui se sont formées au fil des ans et leurs troncs creux abritent souvent une flore et une faune remarquables. La chouette chevêche, petit rapace nocturne de nos régions en fort déclin, ne doit son maintien que grâce aux arbres creux préservés (cf. La Chevêche).

         

            Bien peu de nouveaux têtards ont été créés depuis 50 ans et nombreux sont ceux qui sont tronçonnés sans raison alors qu’ils étaient les témoins du labeur de nos grands-pères et les arbres  dépérissant ne sont plus renouvelés alors que le prix de l'énergie ne cesse de croître. La concurrence du bois de taillis, plus facile à exploiter, en est une des raisons. Cette forme d'exploitation des arbres a pourtant un réel avenir, non seulement comme producteur d’énergie renouvelable mais comme arbre d'ornement, à la ville comme à la campagne et même dans les jardins de surface modeste. Ses qualités paysagères, sa forte identité régionale et sa facilité d'entretien en font un réel atout. 

 

 

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